Cet article a été écrit par nos camarades d’Esquerda Marxista, la section brésilienne de la TMI, le 9 janvier.
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L’invasion du congrès national, du Palais de Planalto et de la Cour suprême du Brésil le 8 janvier par des groupes de bolsonaristes – en opposition au résultat électoral et demandant une intervention militaire – doit être fermement condamnée et combattue par le mouvements ouvrier, populaire et étudiant.
Nous disons cela non pas parce que la classe ouvrière a un intérêt à défendre les institutions de l’État bourgeois, mais plutôt parce que cette attaque contre ces institutions vient de l’extrême droite, qui veut les remplacer par quelque chose de pire encore. Ces extrémistes de droite démoralisés, cette racaille, se comportent de manière aventurière, pillant et saccageant tout sur leur passage. Leurs méthodes n’ont rien à voir avec les méthodes traditionnelles de lutte de la classe ouvrière.
L’invasion de ces bâtiments n’a clairement été rendue possible que grâce à la complicité des forces de répression de l’État. La foule réactionnaire, arrivée à Brasilia dans une cavalcade de 100 personnes environ, a été escortée par la police militaire du District fédéral jusqu’à la Praça dos Três Poderes (Place des trois pouvoirs).
Des vidéos montrent la police fraternisant avec les bolsonaristes et se restant passive face à l’invasion et au pillage de la foule. Ces événements ont été organisés et annoncés publiquement plusieurs jours à l’avance. Il est impossible pour les forces de l’État de prétendre qu’elles ont été prises au dépourvu.
Le comportement de la police contraste avec la manière dont elle affronte les mobilisations populaires dans la capitale fédérale. Pour donner un exemple récent, en 2017, la mobilisation massive de travailleurs et de jeunes à Brasilia contre les contre-réformes du travail par le gouvernement de Temer a été accueillie dans un climat de terreur. Une forte présence policière a été déployée, et des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes ont été lancées dans la foule, et même des hélicoptères ont survolé la tête des manifestants, d’où des mitraillettes ont été pointées sur les masses.
La classe ouvrière ne devrait pas compter sur les forces de répression pour résoudre la situation actuelle. Ce sont des institutions de l’État capitaliste, dont le comportement a favorisé le développement et les actions de ces groupes putschistes d’extrême droite. La classe ouvrière et la jeunesse ne peuvent compter que sur leurs propres forces, leurs propres organisations et leur propre unité, et doivent se mobiliser de façon indépendante.
Le gouvernement de Lula-Alckmin, un gouvernement d’unité nationale avec la classe capitaliste, tend la main aux représentants de la droite et même de l’extrême droite pour rejoindre le cabinet. Le ministre de la Défense, José Múcio, qui est théoriquement responsable de défendre le gouvernement contre les putschistes, a qualifié les campements de tentes [des partisans de Bolsonaro] devant les casernes militaires, qui appelaient à une intervention militaire, d’« expression de la démocratie ».
Comment pourrait-il en être autrement? Après tout, il est membre du PTB, le parti de Roberto Jefferson. Lorsqu’il a été nommé ministre sous Lula, il a déclaré publiquement qu’il avait voté pour Bolsonaro. Pendant ce temps, la ministre du Tourisme, Daniela Carneira, a des liens avec la milicia de Rio de Janeiro [des groupes paramilitaires illégaux composés de policiers en service et à la retraite] et est affiliée à União Brasil, le parti de l’ancien juge Sergio Moro [qui a dirigé le procès truqué contre Lula et a été ministre de la Justice de Bolsonaro]! C’est le chemin menant à la défaite du gouvernement! Lula devrait saisir l’occasion offerte par ce premier incident pour changer la direction du gouvernement, en commençant par l’expulsion des ministres bolsonaristes.
Il faut mobiliser les milieux de travail, les écoles, les quartiers et les usines pour faire barrage à la droite putschiste et ouvrir la voie à la réalisation des revendications du peuple, en commençant par l’abrogation de toutes les attaques contre les droits et les acquis de la classe ouvrière menées par les gouvernements précédents.
La Confédération syndicale (CUT) et les organisations syndicales et populaires doivent appeler et organiser des mobilisations pour vaincre l’extrême droite et écraser politiquement Bolsonaro et ses partisants. Par exemple, ces organisations doivent coordonner la résistance aux tentatives des Bolsonaristes d’envahir les raffineries de pétrole et de rétablir des blocages routiers.
L’UNE, l’UBES, l’ANPG et toutes les organisations étudiantes dans leur ensemble ont le devoir d’organiser des assemblées dans les écoles et les universités, pour se mobiliser contre la droite et lutter pour les revendications de la jeunesse.
La mobilisation d’un front uni du prolétariat peut ouvrir la voie à des victoires pour notre classe, faire avancer la lutte pour le socialisme, et défaire ceux qui ont l’intention d’installer un régime de terreur dans le pays, tout en défendant les libertés démocratiques et les droits des jeunes et des travailleurs :
- Faites enquête et punissez les organisateurs et bailleurs de fonds des putschistes! Confisquez les actifs et les entreprises de ceux qui les ont financés!
- Débarrassons-nous de la police militaire!
- Unité, organisation et mobilisation indépendante de la classe ouvrière! Écrasons la droite putschiste, défendons les libertés démocratiques!
- Tous dans les rues, rejoignons les mobilisations du 9 janvier organisées par les syndicats et le mouvement populaire contre les attaques de l’extrême droite! Rejoignons le rassemblement du 11 janvier à Brasilia!