Face à la propagation du virus en France, le gouvernement et les grands médias appellent à « l’union nationale ». Mais cette formule creuse, même répétée en boucle, ne parvient pas à masquer les contradictions de classe qui se manifestent chaque jour un peu plus.
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Pour tenter de rassurer les marchés (en vain), Macron a annoncé que l’Etat était prêt à injecter 300 milliards d’euros dans l’économie française, si nécessaire. Il a surtout évoqué la situation des plus petites entreprises ; mais c’est aux très grosses, en réalité, qu’il pense. Il redoute la faillite des banques – auprès desquelles les petites entreprises (entre autres) sont endettées.
Le chiffre de 300 milliards d’euros n’a qu’une valeur indicative ; il vise surtout à calmer les marchés. Ce qui est sûr, par contre, c’est que l’addition finale – quelle qu’elle soit – sera présentée aux travailleurs, aux jeunes, aux retraités et aux classes moyennes, sous la forme de politiques d’austérité drastiques, de coupes budgétaires et d’une augmentation de la pression fiscale sur les foyers les plus modestes. Quant au grand patronat, il sera épargné. Il y trouvera même l’occasion de s’enrichir, exactement comme il s’est enrichi après la crise de 2008.
Tout en annonçant aux capitalistes que leurs fortunes seront « garanties » par l’Etat, Macron a demandé aux travailleurs de continuer à travailler : point. C’est l’autre face de la même médaille : « la production doit continuer ! Les profits doivent rentrer ! » D’un point de vue sanitaire, c’est de la folie furieuse, mais c’est conforme à la logique infernale du système capitaliste.
Dans les secteurs essentiels à la vie sociale (santé, alimentation, énergie, etc.), les salariés s’alarment des conditions sanitaires déplorables dans lesquelles ils travaillent : ils n’ont souvent ni masques, ni gel – ou pas assez. Parfois, ils n’ont même pas de gants adaptés. Ils réclament donc des mesures drastiques. Dans les secteurs économiques qui ne sont pas essentiels, les travailleurs sont de plus en plus nombreux à exiger de rester chez eux et de recevoir l’intégralité de leurs salaires, le temps que l’épidémie reflue – et pour contribuer au reflux de l’épidémie. A ces revendications élémentaires de notre classe, le gouvernement répond par un silence accablant. Alors, les travailleurs prennent eux-mêmes les choses en main. Comme en Italie, en Espagne et ailleurs, des grèves éclatent dans des entreprises dont l’activité n’a pas d’autre justification que la course aux profits.
Au lieu de tomber dans le panneau de « l’union nationale », les dirigeants de la gauche et du mouvement syndical doivent exiger haut et fort la satisfaction des revendications vitales de tous ces travailleurs que le gouvernement et le patronat exposent – eux et leurs familles – à un danger de mort. Dans un communiqué publié le 17 mars, la direction de la CGT « demande l’arrêt immédiat de toutes les activités ne participant à la production de biens et de services répondant aux besoins essentiels de la population. » Cette exigence doit être reprise inlassablement par l’ensemble de la gauche et du mouvement syndical.
La faillite du capitalisme
Les appels à l’« union nationale » n’empêcheront pas des millions de jeunes et de travailleurs de remettre en cause, radicalement, le système économique et social dont la faillite éclate au grand jour.
La possibilité d’un tel virus était connue bien avant son apparition. Les scientifiques s’y attendaient. Ils alertaient. Mais les gouvernements successifs n’ont rien fait. Ou plutôt, si : ils ont supprimé des lits dans les hôpitaux. De manière générale, ils ont soumis la Santé publique à une cure d’austérité draconienne. Ironie du sort : les travailleurs du secteur hospitalier étaient mobilisés depuis de nombreux mois, en France, pour dénoncer l’asphyxie de leur secteur. Le gouvernement leur répondait à coup de mépris, de silence, de mensonges, mais aussi de matraques et de gaz lacrymogènes. Et à présent, Macron ose évoquer « les héros en blouse blanche »… Lui et sa classe de parasites payeront au prix fort cette écœurante hypocrisie.
Ils la payeront sous la forme d’une énorme intensification de la lutte des classes. Lorsque cette épidémie sera derrière nous, les travailleurs présenteront leur addition au gouvernement et à la classe capitaliste. Or de leur côté, ces derniers s’efforceront de faire payer la crise économique – qui va brutalement s’aggraver – à la masse des jeunes et des salariés. Autrement dit, les deux classes fondamentales de la société – la bourgeoisie et le salariat – sont lancées à pleine vitesse sur une trajectoire de collision.
Au cours des grandes luttes à venir, notre classe renouera avec ses traditions révolutionnaires. Les idées authentiques du marxisme, qui ont été marginalisées pendant une longue période, retrouveront une audience de masse. La faillite du capitalisme aggravera la crise du réformisme. Le programme d’une rupture avec le capitalisme et d’une planification démocratique de l’économie – en lieu et place de l’actuelle course aux profits – gagnera le cœur et l’esprit de millions de personnes. Pour nous aider à construire le mouvement qui, dès à présent, lutte pour ce programme, rejoignez la Tendance Marxiste Internationale, rejoignez Révolution!