Cet article a été d’abord publié sur marxist.com dans un format plus long le vendredi 27 septembre. Depuis, Israël a assassiné le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et a lancé des frappes sur le Yémen. Le début de l’invasion terrestre serait imminent.
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Le lundi 23 septembre, la guerre non déclarée d’Israël contre le Hezbollah a commencé. Un bombardement massif et prolongé du Sud-Liban est en cours, en vue d’une invasion terrestre.
Il s’agit d’une guerre d’agression totalement réactionnaire qui tourne en dérision le « droit international ». Mais comme elle est menée par le principal allié de Washington dans la région, les gouvernements occidentaux ne protestent pas.
Malgré les récents revers subis par le Hezbollah, le conflit pourrait s’éterniser, ce qui est précisément ce que veut Netanyahou : maintenir Israël en état de guerre, créer le sentiment qu’une menace existentielle pèse sur les Juifs israéliens et, ainsi, maintenir son propre gouvernement au pouvoir. Les derniers sondages montrent que, jusqu’à présent, cela fonctionne. Pour sa propre survie politique, il doit amener Israël vers une invasion du Sud-Liban.
Du point de vue du nombre de soldats et de l’armement, l’armée israélienne est bien plus puissante que les unités de combat du Hezbollah. Le Hezbollah s’est toutefois renforcé depuis la dernière fois qu’il a été en guerre contre Israël, en 2006.
Il dispose d’un stock important de drones et de milliers de missiles antichars, et ses combattants sont aguerris et se battent en terrain connu. Pour l’armée israélienne, la situation serait très différente de celle à laquelle elle a été confrontée à Gaza, avec l’armement beaucoup moins sophistiqué du Hamas.
À la longue, l’armée israélienne pourrait détruire une grande partie des armes du Hezbollah et tuer un grand nombre de ses combattants. Cependant, elle paierait également un lourd tribut, perdant de nombreux soldats et subissant de nombreux dommages sur le front intérieur.
Netanyahou veut une guerre régionale
L’escalade de la guerre au Liban s’impose désormais à tous. Et le risque de voir l’Iran impliqué, ainsi que le Yémen, la Syrie et l’Irak au minimum, s’accroît également.
C’est précisément ce que veulent Netanyahu et son cabinet de droite. Ils y voient le moyen de forcer les États-Unis à s’impliquer plus directement, modifiant ainsi massivement l’équilibre des forces militaires.
L’administration américaine ne souhaite toutefois pas s’impliquer directement dans la guerre. Mais en raison de leur position affaiblie à l’échelle mondiale, les États-Unis ne renonceront pas à soutenir Israël. C’est leur principal allié dans la région.
Il est ironique que, dans le conflit entre Israël et l’Iran, ce soit toujours l’Iran qui soit appelé à « faire preuve de retenue ». Or, c’est précisément l’Iran qui fait preuve d’une grande retenue, alors qu’Israël multiplie les provocations. Le président iranien Masoud Pezeshkian souhaite en effet normaliser les relations avec l’Occident – et même avec Israël – afin d’obtenir la levée des sanctions qui pèsent sur l’Iran. Mais il ne peut échapper au fait que Netanyahou et son gouvernement sioniste considèrent l’Iran comme une menace existentielle.
Les conséquences de l’escalade
Si l’attaque contre le Liban se transforme en une guerre longue et prolongée, elle aura de graves conséquences tant à l’intérieur d’Israël que dans l’ensemble de la région. La société israélienne est soumise à d’énormes pressions. Son économie connaît un fort ralentissement.
La politique belliciste du premier ministre Netanyahou a également un effet extrêmement déstabilisateur sur l’ensemble du Moyen-Orient. Elle alimente l’immense colère des masses arabes dans l’ensemble de la région. Cette colère s’ajoute à la détérioration des conditions économiques et sociales dans leurs propres pays.
Tout cela engendre une situation extrêmement instable, en particulier en Jordanie et en Égypte. Ces deux régimes sont au bord de l’abîme et pourraient connaître des bouleversements révolutionnaires de masse si la guerre s’aggravait encore.
Mais l’impact de la situation à Gaza et maintenant au Liban va bien au-delà du Moyen-Orient. Dans l’ensemble du monde capitaliste avancé, nous avons assisté à des manifestations de masse en solidarité avec le peuple palestinien. Dans de nombreux pays, la guerre à Gaza est devenue un élément clé de la politique locale.
Tout ceci s’inscrit dans le contexte de la guerre en cours en Ukraine. Il s’agit de deux fronts distincts, mais dans les deux cas, c’est la même puissance impérialiste qui est impliquée, à savoir les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN. De l’autre côté, nous avons la Russie sur le front ukrainien. Mais la Russie est également dans une alliance de facto avec l’Iran, et si les choses devaient s’aggraver, la Chine devrait soutenir la Russie.
La guerre d’Israël a donc des conséquences mondiales. À court terme, une extension de la guerre au Liban, susceptible d’entraîner d’autres pays, aura un impact économique immédiat. Une guerre plus étendue mettrait à mal une économie mondiale déjà chancelante.
Les travailleurs et les jeunes du monde entier souffrent des effets de l’inflation, des bas salaires, du manque d’emplois, des coupes dans les services publics, et ils voient les mêmes gouvernements qui leur imposent tout cela se livrer simultanément à une escalade belliciste et dépenser des milliards de dollars dans la guerre.
La lutte pour défendre le peuple palestinien, pour défendre le Liban de l’assaut d’Israël, la lutte pour empêcher la guerre de se propager dans le monde commence chez nous, contre nos propres gouvernements. Tant que ces gens resteront au pouvoir, ils continueront à jouer avec la vie de millions de personnes. Notre tâche est de les chasser du pouvoir, et avec eux tout le système pourri qu’ils représentent.