Le grand essor des révolutions dans le monde arabe a attisé les tensions pour le contrôle de la région stratégique du Moyen- Orient et de ses ressources énergétiques. Ces forces sont aussi à l’œuvre pour avorter et faire dérailler les processus révolutionnaires.
L'impérialisme occidental et ses alliés régionaux (Qatar, Arabie Saoudite, Israël et la Turquie) cherchent à renforcer sa position en éliminant l'un des derniers alliés de la Russie dans la région. L'impérialisme russe, pour sa part, est déterminée à ne pas perdre plus de terrain qu'il a perdu au cours des dernières années, et avec lui son partenaire iranien (défendant le seul allié qu’il a dans la région) et le Hezbollah (si la Syrie tombe, il serait complètement isolé). La mainmise sur les ressources énergétiques de la Syrie est certes importante, mais encore secondaire par rapport aux intérêts stratégiques plus grands.
Le début de l'insurrection en Syrie fait partie des événements du Printemps arabe. Les luttes en Tunisie et en Egypte ont incité de nombreux Syriens à descendre dans les rues pour protester contre la baisse du niveau de vie, pour la démocratie et contre la dictature. Personne ne peut créer un mouvement de masse de nulle part, personne ne peut faire un feu sans carburant, même pas la CIA, sauf dans l’esprit de personnes pour qui l’histoire se réduit à une série de complots obscurs.
En l'absence d'un parti révolutionnaire avec un programme socialiste, les impérialistes ont pu exploiter la situation avec l’aide de ses valets locaux. Ils ont armé les opposants, nommé un gouvernement alternatif (Conseil national syrien), et supprimé tout le contenu social à l’origine de la rébellion.
Après la victoire militaire du gouvernement syrien dans la zone rebelle de Quseir, les forces anti-Assad étaient au bord de la défaite.
Les déclarations hypocrites des dirigeants américains, français, britanniques, belges et les soi-disant défenseurs du droit international et des droits de l’homme ne doivent pas duper les militants de gauche et les révolutionnaires. Le même scénario s’est joué en Irak, Yougoslavie, Lybie, etc.
Il ne s'agit pas pour eux de protéger la population syrienne contre des massacres perpétrés par des balles, des bombes ou des gaz chimiques. Leurs préoccupations ne sont pas humanitaires, loin de là. Le massacre de civils au gaz chimique à Damas, peut être l’acte de n’importe qui. On sait bien que dans une guerre la première victime est la vérité. Mais avant même la conclusion de l’enquête des inspecteurs de l’ONU, Londres, Paris et Washington ont décidé de ‘punir’ le régime. Il y a quelques mois aussi une soi-disante attaque chimique du régime a été trouvée comme excuse. Cette information s’est révélée fausse. La commission d'experts de l'ONU avait au mois de mai conclu que l'usage du gaz sarin l'avait été ' par les rebelles, l'oppostion et non par les troupes gouvernementales' comme le disait Carla Del Ponte, Le 30 du même mois la presse turque signale l'arrestation de 12 militants d'Al Nusra, milice salafiste active en Syrie, et la découverte de 2 kilos de gaz sarin dans leurs habitations dans les villes d'Adana et de Mesrisin.
Ceux qui ne comprennent pas cela ça se laisse intoxiquer par la machine de propagande impérialiste. En Lybie l’intervention étrangère armée s’est faite avec l’excuse de protéger la population civile de Benghazi contre un ‘massacre imminent’ . Leur véritable objectif consistait à faire dérailler la révolution et assurer le contrôle du pays.
La Syrie a été un allié traditionnel de la Russie mais l'impérialisme russe n’a pas non plus pour objectif de défendre les droits des jeunes et des travailleurs syriens. En fin de compte, derrière la guerre civile syrienne se cache essentiellement la lutte entre les différents rapaces impérialistes pour la défense de leurs intérêts.
Quand les protestations ont commencé contre le gouvernement d’Assad il a fait des concessions en essayant d'apaiser les citoyens syriens. En levant, entre autres, l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 (40 ans!). Mais la revendication du peuple syrien pour leurs droits n’est dans l’intérêt d’aucune puissance régionale ou internationale.
Aujourd'hui, la révolution commencée il y a deux ans a été vaincue, et nous devons reconnaitre cet état de fait. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’une révolution fasse place à la réaction. La révolution russe de 1905 s’est terminée dans une orgie réactionnaire, de massacres et de pogroms antisémites. Mais 12 ans après, la révolution allait triompher. La révolution syrienne redressera tôt ou tard la tête.
La victoire des islamistes serait catastrophique pour le peuple syrien. Ce scénario ferait reculer la Syrie et rejettera les avancées relativement modernes de ces 50 dernières années. La Syrie deviendrait un nouvel Afghanistan. Ce serait en effet naïf de croire qu’il s’agit aujourd’hui d’un combat entre d’un côté les démocrates et de l’autre la dictature. Quel que soit le camp qui gagne, le peuple travailleur et les jeunes en souffriront.
Les jeunes révolutionnaires qui sont aujourd'hui en Syrie ne doivent pas être découragés, la tendance dominante est maintenant réactionnaire, mais cela va changer. L’essentiel est de maintenir une position indépendance de classe et de ne pas se soumettre ni aux Jihadis ni aux forces bourgeoises pro-occidentales. Les appels des organisations de gauche (comme le fait le Parti Communiste syrien [bureau politique] et d’autres organisations) pour que la solution soit aux mains de la communauté internationale sont faux. Les marxistes doivent garder l'espoir en la classe ouvrière internationale et la jeunesse. L’avenir de la révolution syrienne se trouve aussi à l’extérieur, dans la révolution en Tunisie, Egypte, Maroc , Turquie, Iran etc.
De la même manière que les masses ont fait chuter Ben Ali, Moubarak et Morsi, elles sont capables de faire chuter n'importe quel régime pourvu que le mouvement ait un programme de transformation sociale.
Mobilisons-nous contre cette nouvelle intervention impérialiste!
Non à l'intervention impérialiste en Syrie! Ne touchez pas à la Syrie!
A bas l'impérialisme!
Vive la révolution arabe!
Comité de rédaction de ‘Révolution’ Bruxelles 27 août 2013